Les israéliens ne respectent pas la 4e Convention de Genève.
Assassins en civil et institutionalisés constituent le ’fleuron" de Tsahal
Le permis de tuer
Par Saleh Al-Naami
lundi 30 juillet 2007
Les quatre hommes en costume traditionnel arabe n’ont pas attiré l’attention d’Ahmed Khalil, 27 ans, lorsqu’il se trouvait près de sa ferme, proche de Beit Hanoun, au nord de Gaza. Ils ressemblaient aux marchands de légumes qui viennent habituellement acheter des produits aux premières heures du jour. Mais dès qu’ils l’ont approché, deux d’entre eux lui ont tiré à la tête avec des pistolets munis de silencieux. Il est mort sur le coup.
Les quatre hommes, déguisés en Palestiniens, étaient membres du plus récent escadron de la mort formé par le gouvernement israélien à Gaza pour éliminer les combattants palestiniens.
Les quatre pensaient que Khalil était faisait partie d’un mouvement de résistance et qu’il partait pour quelque action contre une cible israélienne, ont dit les sources militaires israéliennes un peu plus tard.
Le commandant de la zone sud de l’armée israélienne a dit que les escadrons de la mort ont été formés selon les instructions du cabinet restreint israélien, qui a enjoint les chefs de l’armée à mener des actions plus agressives contre la résistance à Gaza, pour mettre un terme aux tirs de roquettes artisanales sur les colonies israéliennes.
Le nom de code de ce nouvel escadron de la mort est Samson. C’est une nouvelle édition des "Arabistes", ou unités constituées d’hommes en tenues arabes, ayant reçu pour ordre d’attaquer les résistants au cœur des territoires palestiniens.
Dans la banlieue de Gaza, les membres de ces escadrons enlèvent souvent des fermiers et les transfèrent au service intérieur de renseignements, le Shabak, pour interrogatoire.
Là, les hommes sont systématiquement forcés à fournir des informations sur la résistance.
Yediot Aharonot a récemment admis que les Palestiniens étaient soumis au chantage par le Shabak pour travailler comme informateurs.
De telles unités travaillent depuis longtemps en Cisjordanie. Ils sont appelés Duvdevan (cerise en hébreu) et sont responsables de la plupart des assassinats ciblés des chefs de la résistance palestinienne. La télévision israélienne a récemment montré un documentaire sur l’entraînement de ces unités. Experts en maquillage, cours de langue et opérations clandestines constituent la formation des membres de Duvdevan.
Ces derniers sont souvent déguisés en marchands de légumes et on leur demande de conduire des camions Mercedes, le même type de véhicule qu’utilisent les commerçants palestiniens. L’armée d’occupation a maintenant les Arabistes comme les unités Samson pour travailler clandestinement dans les territoires palestiniens.
Dans le cadre de la répression des mouvements de résistance, l’armée israélienne a réactivé l’unité d’infanterie de reconnaissance surnommée Egoz (coquille de noix en hébreu). L’unité a été créée en 1993 pour servir de fer de lance d’opérations contre le Hezbollah au Sud Liban.
A l’époque branche de la Brigade d’Elite Golani, l’unité a été dissoute à la suite du retrait d’Israël du Sud Liban en 2000.
Aujourd’hui, l’unité a été reformée et a pour mission de patrouiller dans les zones résidentielles de diverses villes de Cisjordanie, avec ordre de combattre les groupes de résistance qui projettent de tirer sur les colonies israéliennes ou des cibles militaires.
Egoz barre les principales routes de Cisjordanie avec des blocs de pierre pour essayer d’arrêter des suspects et de sécuriser les voies qui mènent aux colonies israéliennes.
L’armée israélienne a également formé une unité, surnommée Kharouf, chargée de tirer sur tout Palestinien qui agit de manière suspecte sur les routes principales. Une autre unité, appelée Duchifat, passe au peigne fin les zones qui vont être attaquées ensuite par l’armée en Cisjordanie.
L’armée israélienne continue à maintenir plusieurs escadrons de la mort d’élite, comme Sayeret Metkal, qui est affilié au commandant en chef et qui était dirigé dans les années 70 par Ehud Barak, alors premier ministre.
En 1990, Barak a déclaré dans un bulletin en langue russe édité pour les émigrants russes qu’il ressentait "une immense joie" à voir les têtes de ses victimes exploser.
L’ancien premier ministre Binyamin Netanyahu a également servi dans cette même unité, ainsi que l’ancien Chef des Armées Moshe Yaalon.
L’armée israélienne a transformé les territoires palestiniens en terrain de tir pour les unités spéciales des corps maritimes et aériens, c’est là qu’elles peaufinent leur savoir-faire en assassinat ciblé. Et pourtant, la Cisjordanie et la Gaza sont loins de leur territoire habituel.
Prenez par exemple la Force 13 des commandos maritimes israéliens. Cette unité est supposée n’opérer que sur mer, mais a participé à des dizaines d’assassinats et d’enlèvements en Cisjordanie et à Gaza.
L’une des plus connues des opérations conduites par Force 13 est l’assassinat du Dr Thabet Thabet, représentant du Fatah, à la mi 2002.
Force 13 a été créée et dirigée un temps par Ami Ayalon, l’ancien commandant de la marine qui fut récemment l’adversaire de Barak pour la direction du Parti Travailliste. Dans sa campagne électorale, Ayalon s’est vanté d’avoir personnellement "tué plus d’Arabes" que tous les Juifs tués par le Hamas.
Shamuel Romeh, qui fut un des patrons du Shabak, a dit que les unités d’élite spécialisées dans l’assassinat ciblé travaillent en étroite collaboration avec le Shabak, qui collecte des données sur les cibles par les informateurs palestiniens.
Le Général Gadi Eisencott, commandant de la zone nord et ancien commandant de l’armée israélienne en Cisjordanie, a dit que l’utilisation d’unités d’élite pour les assassinats ciblés envoyait un message "dissuasif" au mouvement palestinien de résistance, bien plus efficace que les tirs des avions.
"Lorsqu’un terroriste palestinien sait que les soldats des unités spéciales peuvent lui tirer à la tête à bout portant pendant qu’il est dans la rue, devant chez lui, c’est le message pour tous les autres terroristes que notre armée peut atteindre n’importe lequel d’entre eux", a-t-il dit au quotidien Haaretz.
Bien que le service militaire soit obligatoire en Israël, servir dans les escadrons de la mort est volontaire.
Selon la Chaîne 2 de la télévision israélienne, la plupart des volontaires pour les unités d’élite font partie du courant sioniste religieux, qui combine le zèle militaire et religieux avec le racisme contre les Palestiniens et les Arabes.
Les institutions officielles d’Israël incitent les jeunes à rejoindre les unités d’élite en leur offrant des primes.
L’expert militaire Rami Edelis dit que servir dans ces unités est considéré comme l’une des principales promotions. Lorsque les membres de ces unités retournent à la vie civile, ils sont prioritaires pour les emplois comme pour l’obtention de bourses
Source : Al-Ahram Traduction : MR pour ISM